Pour une première réalisation en long métrage, c’est plutôt quelque chose de réussi ! Sean Durkin signe ici une très belle œuvre et remporte très légitimement le prix de la mise en scène dramatique au festival de Sundance (2011). Ce film met en lumière également la belle Elizabeth Olsen qui signe une interprétation d’une grande justesse et d’une telle véracité. Elle se fait remarquer et tend à devenir une future habituée des plateaux d’Hollywood (ndlr : Silent House, Red Lights, Kill Your Darling en prévisions pour 2012-2013).
Sommaire :
Mon avis sur le film
L’histoire du film est poignante et effrayante : cette jeune femme ophélique à l’image innocente n’a pas vécu que des beaux contes de fées. Au début, on ne sait pas trop où on se trouve, le film est étonnamment silencieux. Sean Durkin est plutôt culotté de commencer ainsi et pourtant c’est une des forces du film… Le scénario est tout au long du film assez discret et subtil : ce n’est pas à travers les paroles, les discours qu’on en apprend mais par l’image de la caméra, par le silence et par les flash-backs incessant entre la nouvelle vie de Martha et son ancienne vie d’appartenance à une secte. Ce n’est donc pas étonnant que ce film ait été nommé dans la catégorie « Un Certain Regard » à Cannes 2011 et pour la « Caméra d’Or ». Puisqu’évidemment, il offre une vue sur un sujet élitiste au cinéma qui ne nous laisse pas indifférent.
Martha s’échappe du lieu de vie de la secte, on apprendra plus tard qu’elle a été choquée de certaines pratiques, elle trouve refuge chez sa sœur et son beau-frère, un couple accompli qui a trouvé son équilibre. Un couple normal comme on peut l’imaginer (voire trop caricaturé ici) – Sean Durkin aurait dû penser à nos chers François et Valérie non ? – c’est-à-dire un couple épanoui, riche, conscient de leurs bonnes éducations et valeurs… Pourtant sans animosité, l’état névrosé de Martha est mis en lumière. Elle est inconsciente de ses déformations sociales : lorsqu’elle se baigne toute nue dans un lac, elle a un rapport au sexe complètement déplacé… Il y a un fossé entre la façon qu’elle a pris de vivre, notamment à cause de son passé au sein de la secte, et la vie quotidienne au travers d’une société, qu’elle a manifestement perdue. Ce sont des scènes d’une certaine violence non pas par l’action mais par le conflit intérieur de ses pensées. Ici le contraste entre ce qu’elle fait et ce qui doit être fait est fort. Tout le film met en évidence cette situation de déglingue sociale, où elle se retrouve esseulée face à l’image de la perfection casuistique qu’incarne sa sœur.
La force de ce film réside, de plus, dans le simple fait qu’on est mis en face du problème : on perçoit que dans l’esprit de Martha ses actes sont totalement justifiés et qu’effectivement sur la forme, au premier abord, les sourires de toutes ces personnes vivant dans la secte ne peuvent être signe de perfidie. Etonnamment, on comprend nous-même que l’on puisse tomber dans ces travers et se laisser embobiner par les dires de certains qui prônent une vision prééminente de la vie : « une façon de vivre différente mais plus juste et plus heureuse ».
Difficile de rasséréner Martha, qui se voit persécutée par cette hydre de secte. Malgré quelques moments de flegme dans le film, elle retrouve à la fin ses peurs qui nous laissent perplexe à la scène finale concernant son sort. L’idée que la fin soit ouverte et qu’il n’y ait pas de véritable point d’orgue sur sa possible mort laisse le doute s’installer même après le film. C’est ainsi dans la lignée de l’heure et demi passée et donc en toute logique en cohérence avec l’esprit.
Sur un sujet plus que réaliste et il faut bien l’avouer difficile à traiter, Sean Durkin signe ici un film d’un grand intérêt. De plus, au-delà du fond, en surface les acteurs rendent le film authentique par leur jeu. Ce film est adamantin notamment grâce à Elizabeth Olsen (la soeur de Marie-Kate et Ashley) qui emperle admirablement l’image en se prêtant à merveille au rôle de Martha Marcy May Marlene.
Critiques de la presse
La presse française a bien accueilli le film avec un note moyenne de 3,8 sur 5 (24 avis). Comme pour le film Carnage, il faut noter qu’il y a eu peu de critiques négatives. Metacritic, qui agrège les notes de la presse mondiale, donne par ailleurs une note de 76 sur 100.
Casting
- Elizabeth Olsen : Martha
- Christopher Abbott : Max
- Brady Corbet : Watts
- Hugh Dancy : Ted
- Julia Garner : Sarah
- Maria Dizzia : Katie
Récompense
Cette oeuvre a eu le prix de la mise en scène au festival de Sundance 2011 ainsi que le prix Regard Jeune au festival de Cannes 2011.
Box Office
Le film a obtenu 3,5 millions de revenus liés aux ventes dans les salles de cinéma.
Informations pratique
- Titre du film : Martha Marcy May Marlene
- Nationalité : Américain
- Date de sortie française : 29 février 2012
- Durée du film : 1h41
- Réalisé par : Sean Durkin (1ère réalisation pour un long métrage)